Memento

Inspiré par les œuvres suspendues d’Olga de Amaral et les cartes utilisées par les dentelières du Puy-en-Velay en Haute-Loire, mon département d’origine, j’ai cocréé avec Victoire Camus une marqueterie de papier légère, collée sur chants et ainsi libérée de son support pour être suspendue puis contemplée sur ses deux faces.

Conscients de la précarisation du matériau bois et de l’impact de son exploitation sur l’environnement, nous avons décidé de créer une œuvre incarnant la mémoire des espèces menacées, par l’extraction d’une expression graphique évoquant leur ADN. Pour cette première fresque, notre choix s’arrête sur l’ébène blanc qualifié d’espèce vulnérable.

La marqueterie présente un ensemble de hiéroglyphes issus d’une recherche graphique tracée directement sur les placages de bois, afin d’en extraire un réseau de points déterminés par les croisements du veinage. Les ensembles de points obtenus donnent des constellations qui, reliées entre elles, font apparaître un alphabet propre à chaque essence.

En cohérence avec la démarche, nous avons choisi de nous abstenir de l’usage du bois et de créer une marqueterie de papier recyclé incrustée de hiéroglyphes, puis dorée à la feuille d’or sur une face, afin d’en accentuer le caractère sacré.

Cette œuvre remarquable, au croisement de plusieurs savoir-faire, raconte le matériau bois sans l’utiliser, incarnant un memento. Elle est aussi la première marqueterie sans support, entièrement jointée sur chants, innovation dans l’histoire de la marqueterie et véritable prouesse technique.

Cette cocréation s’inscrit dans le cadre du Fellowship porté par Homo Faber et la Fondation Michelangelo. Elle a été présentée pour la première fois en avril 2025 à la House of Switzerland Milano, lors de la Design Week de Milan, puis de mai à septembre 2025 pour l’exposition temporaire L’invitation, de Toros à Pierre-Henri Beyssac, au musée de la Chaussure de Romans-sur-Isère et en septembre 2025 pour le salon Bel Ouvrage à Paris.